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Olivier de Germay : la première polémique du primat des Gaules

Ancien Saint-Cyrien appelé au sacerdoce à l’âge de trente ans et évêque réaliste quant aux questions de « bioéthiques », le nouvel archevêque de Lyon, Monseigneur Olivier de Germay a tout pour horrifier les progressistes.


L’installation du Primat des Gaules n’a pas laissé indifférent certains qui ont appelé le jeudi 17 novembre dans Libération à la nomination d’évêque « plus ouverts » en France. Cette pétition pour le moins confidentielle, qui comporte 655 signataires le mardi 22, critique les choix du Souverain pontife pour les archevêchés de Lyon et de Paris : à savoir Messeigneurs Michel Aupetit et Olivier de Germay. Au-delà de cette critique portée contre les choix de celui qui ne doit son autorité qu’à Dieu dans la philosophie catholique (Matthieu ; 16,18-20), la pétition demande que ces deux archevêques ne soient jamais élevés à la dignité de cardinale alors que nombre de leurs prédécesseurs connurent cette joie (il n’est qu’à citer le cardinal Barbarin ou le cardinal André Vingt-Trois). Le texte, dont l’instigateur est resté anonyme, critique les positions de ces deux archevêques : « Voilà des évêques conservateurs, engagés dans les combats d’arrière-garde qui vont à rebours des attentes de nos contemporains, arrivant à des fonctions épiscopales alors qu’ils ont la soixantaine. Nous prenons pour 15 ans de conservatisme. ». Ils estiment aussi que ces choix ne reflètent pas les choix du pape François, ce qui fait écrire au journal Libération : « Pour beaucoup d’observateurs, ce sont essentiellement les milieux les plus conservateurs qui sont actifs au Vatican. ». Sur le sujet, les dernières nominations de cardinaux du souverain pontife viennent contredire cette idée (Voir notre article du 2 novembre). Dans ce même article du quotidien marqué à gauche, la théologienne Anne Soupa défend cette pétition en arguant que « Cela me paraît très important que des laïcs se saisissent de ce problème ». A rappeler que Mme Soupa s’était déjà faite connaitre en déposant une candidature à l’archevêché de Lyon, ce coup de communication allant contre la coutume qui invite à attendre que le pape vous appelle à devenir archevêque, ce qu’elle reconnaissait.

Cependant, cette pétition pointe du doigt quelque chose d’intéressant, outre l’inversion d’autorité qu’elle essaye d’impliquer en faisant participer les laïcs à la nomination de leur évêque : qui est Olivier de Germay ?


A l’occasion de sa dernière messe en la cathédrale d’Ajaccio, pour la fête de l’Immaculée Conception, celui qui est dépeint par Libération comme un « ultraconservateur » a tenu à rappeler, durant son homélie, l’essentiel de la foi chrétienne : combattre les inquiétudes du quotidien, qu’il reconnait dans un vocabulaire emprunt de simplicité, en se souvenant que « notre but est au Ciel ». Les huit années du ministère d’Olivier de Germay à Ajaccio se trouvent ainsi résumées. Cependant, il n’est pas conciliant et évoque aussi que si les chrétiens doivent vivre d’amour, ils ne doivent pas vivre « un amour au rabais mais un amour en plénitude, un amour divin ». Il en profite pour, doucement, égratigner la pensée individualiste en prêchant que « nous sommes fait pour vivre une communion d’amour ». Il n’y a qu’à écouter le nouvel archevêque de Lyon lorsqu’il est en chaire pour comprendre pourquoi il a été choisi. Lors de cette dernière homélie, Monseigneur de Germay rappelait l’échange entre Emmanuel Macron et le président égyptien durant lequel il a eu cette phrase révélatrice d’un certain courant de pensée : « nous considérons que rien ne peut être au-dessus de l'homme » ; l’homme de Dieu n’a pas manqué de rendre raison au président de la République en disant « qu’il se fait l’écho d’une opinion qui est très partagée aujourd’hui : il n’y a rien au-dessus de l’homme… rejet de Dieu ». Tout est dit, les voilà les idées de Monseigneur Olivier de Germay sur son temps : certains ont abandonné l’idée de Dieu pour se poser en maître incontesté de la Nature et du monde. Evidemment qu’Olivier de Germay est conservateur, conservateur selon l’idée que l’homme n’est pas Dieu, que l’homme ne peut être un absolu ; c’est cela qui a fait murir sa pensée sur les questions dites de « bioéthiques ». C’est dans cet esprit que ce prêtre, qui travaille sur ces questions cruciales pour notre rapport à l’humanité au sein de la Conférence des Evêques de France, avait commenté en juillet le projet de loi pour organiser l’accès à la PMA aux femmes célibataires et à celles mariées civilement à une autre femme : « c’est une étape supplémentaire dans la déconstruction des repères les plus fondamentaux de notre existence. »

Lors de son installation à l’archevêché de Lyon, le successeur de Saint Irénée a promis de s’exprimer un peu plus devant les médias, cet homme d’ordinaire assez discret. Il s’est pourtant déjà prêté à cet exercice à quelques occasions. Celui qui se dit n’être « ni un héros ni un facho » a pris conscience de la nécessité de ressouder un diocèse divisé après les scandales liés à l’affaire du père Prenyat. Il ne n’a pas cherché à nier ou à cacher l’horreur de ces actes et la souffrance des victimes, il a notamment souligné que « l’expérience de notre péché n’enlève rien au trésor que nous portons mais elle est un frein à l’évangélisation, elle est germe de division ». Celui que l’on a présenté comme le nouvel avatar du sabre et du goupillon a ainsi commencé son travail de reconstruction du diocèse, il avait déjà dû, à son arrivée en Corse en 2012, gérer un diocèse dont l’économe avait été condamné par la justice pour malversation et dont l’un des prêtres étaient entré en opposition frontale avec l’ancien évêque.

George Taffoureau

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