Laurent Obertone : les secrets de l'écrivain

Bonjour Laurent, Merci d’accorder cette interview à Occidentis. Nous avons lu vos 2 ouvrages "Guérilla", que nous avons beaucoup aimé.

Sans jouer les prophètes de mauvais augure, cette fresque dresse un portrait apocalyptique de la France future à court et moyen termes. Parallèlement à l’ambiance globale, l’histoire des différents personnages nous tient en haleine tout le roman. De plus, les récits ne manquent pas d’humour ni de suspens. Occidentis :Vous vous êtes révélé au grand public avec la parution de  l’ouvrage « la France orange mécanique »,quel est votre parcours ? Laurent Obertone : Je dirais que mon parcours commence véritablement avec cette parution, mon premier livre, qui m’a permis de devenir écrivain à plein temps. Avant cela, j’étais simple journaliste, anthropologue de formation. O : A l’heure actuelle, il est difficile d’être un écrivain ou un journaliste n’ayant pas une pensée unique.  Avez-vous déjà été confronté à des obstacles ou des réticences dans votre profession à cause de votre vision de la société française ? L.O : Bien sûr. En fait je crois qu’il n’est pas possible de concilier la profession de journaliste salarié avec la recherche de la vérité. Le journaliste salarié est un être extrêmement dépendant, qui est là pour dire ce que l’on attend de lui. S’il s’aventure en terrain moral hostile, on le fera taire, et on se passera de lui. Si l’on veut pouvoir dire ce que l’on veut, autant démissionner tout de suite. O : Comment vous est venue l’idée de passer d’essais à un vrai roman ? Et quel a été l’élément déclencheur ? L.O : Je m’intéresse à tout et ne me fixe pas de limite de genre. Le roman m’intéresse en ce qu’il permet de diffuser des messages, des peintures de l’époque, peut-être mieux que l’essai. Je pense aussi que les publics sont différents : les consommateurs d’essais sont plus avertis, alors que le roman peut intéresser des primo-lecteurs. Ça permet d’élargir mon cercle de diffusion. Et la situation étant ce qu’elle est, il y a une forte demande de prospection. Mes lecteurs savent ce qui se passent… Ils veulent maintenant savoir ce qui va se passer. O : quels sont les cas de figure réels ou événements qui ont nourri votre roman ? L.O : L’ensemble de l’actualité, l’observation de mes contemporains, et surtout de Big Brother, ce monstre qui représente à la fois l’État, la culture, les médias, les experts, etc. Tous ceux qui parlent tous les jours à des millions de personnes, via leurs écrans. Et bien sûr les conséquences de leur idéologie, qui s’apparente à un déni de souveraineté nationale. O : D’après-vous, dans combien de temps pourraient se dérouler des évènements tels que Guérilla ? L.O : Très difficile à dire, et en général personne ne se hasarde à de tels pronostics. Le déclencheur social peut avoir lieu n’importe quand. Le déclencheur économique peut apparaître d’ici quelques années… Tous les éléments du drame sont en place. O : Est-il encore possible d’éviter un tel drame ? L.O : Peut-être, mais cela nécessite une prise de conscience considérable, et une pression populaire puissante, exercée contre Big Brother, pas pour exiger plus, mais justement pour exiger moins. C’est-à-dire qu’il cesse de prendre de l’importance, de l’argent, des prérogatives, des décisions iniques, en un mot qu’il s’efface, nous rende enfin notre souveraineté, et cesse de décider pour nous de notre destin. O : A l’heure actuelle, la liberté de ton est menacée, comment avez-vous convaincu Ring de publier un roman aussi politiquement incorrect ? L.O : Ring est un éditeur qui n’a jamais eu besoin d’encouragements pour diffuser des œuvres qui ne sont pas recommandées par Télérama. C’est ce qui fait sa force, son originalité, et la diversité réelle de ses parutions. D’où son incroyable succès, dans un milieu souvent terne et convenu. Mais notre époque n’aime pas ça. Un seul mal-pensant sur un millier, c’est déjà cent fois trop… O : Pensez-vous que l’histoire se déroulant dans Guérilla puisse se transposer dans d’autres pays occidentaux ? L.O : Oui, beaucoup de ces pays connaissent une situation très proche. Je pense à la Belgique, aux Pays-Bas, à l’Angleterre, à la Suède… Et d’autres vont la connaître d’ici quelques années. L’Allemagne, ou l’Italie, par exemple. Nulle part le « vivre ensemble » ne fonctionne. Il serait bon d’arrêter les frais, et sur ce point tous les peuples d’Europe semblent d’accord. Mais pas leurs élites… O : L’idée de ce blog m’est aussi venue le jour où la direction de l’enseigne pour laquelle je travaillais comme libraire m’a fortement déconseillé de donner de la  visibilité à un certain Eric Zemmour (photo à l appui)et vous même …quelle est, selon vous, la parade pour contourner cette multitude de censures ? L.O : Nos parades sont peu de choses face à la puissance de feu de l’ennemi, qui tient désormais en laisse les géants du dernier monde libre, Internet. Je travaille sur un prochain livre qui vise justement à distiller quelques conseils pratiques pour résister à Big Brother, par tous les moyens qui sont à notre disposition. Et il y en a. Il ne faut pas désespérer, c’est encore pire qu’espérer. Rendez-vous en septembre 2020 ! Pour terminer une petite coutume pour que nos abonnés vous connaissent mieux : O : Quels sont vos 3 auteurs favoris ? L.O : Je n’aime pas dénoncer, mais je dirais Valéry dans l’essai, McCarthy dans le roman, La Fontaine dans l’absolu. O : Quels sont vos 3 personnages historiques préférés ? L.O : Je m’intéresse en priorité aux architectes de l’esprit, aux observateurs de la matière et du vivant. Mais je n’ai pas de « divinité » en la matière. Peut-être que je connais un peu trop les hommes pour m’en faire des idoles. O : Quels sont vos 3 musiciens préférés ? L.O Même chose, pas de favori. Un morceau ici, un extrait là, mais pas d’œuvre complète. Merci beaucoup Laurent et à bientôt

Le 24 septembre 2020 paraîtra chez Ring le nouveau livre de Laurent Obertone "Éloge de la force".

Ci-joint le lien des éditions Ring pour découvrir leurs ouvrages : https://www.ring.fr/