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Retour sur l'assassinat de JFK à travers le livre de Thierry Lentz "L'assassinat de John F.Kennedy"

Pour cet article, Thierry Lentz, l’auteur de « L’assassinat de John F.Kennedy », a eu la gentillesse de nous accorder un entretien et nous l'en remercions.


Le sujet des Kennedy n’est pas une mince affaire, pour plusieurs raisons, c'est une affaire qui suscite des passions entre les pro et les anti Kennedy.


L'assassinat de JFK


Le 35ème président des Etats Unis effectue un déplacement, pour le début de sa campagne électorale, à Dallas. Le Texas est un Etat plutôt hostile à la politique intérieure et extérieure de JFK. Le but de ce déplacement est de lever des fonds pour cette dite campagne. Un défilé à travers la ville est prévu dans une Lincoln décapotable.


Au cours de ce défilé, JFK est abattu à Dealy Plazza par un tireur isolé. De nombreux témoins identifient l’origine des tirs. Quelques heures plus tard, le policier Tippit est abattu, le suspect est arrêté au cinéma le Texas Theatre, il s’agit de Lee Harvey Oswald. Rapidement, il est aussi suspecté du meurtre du président car il travaillait dans le dépôt de livres dans lequel les coups de feu seraient partis.


Celui-ci est interrogé par la police de Dallas et il est inculpé de meurtre le 24 novembre à 1h30 du matin, mais il nie les faits, prononçant cette phrase célèbre : " je ne suis que le bouc émissaire ".


Le matin du 24 Novembre, Oswald est transféré en prison aux alentours de 11h00 et dans un ultime rebondissement, Jack Ruby l’abat. Ruby n’est pas inconnu des services de police et ses motivations ne seront jamais clairement établies.


A la constatation du décès du président à Parkland, Jackie, la femme du président Kennedy, et le vice-président Johnson repartiront de Dallas avec la dépouille de JFK.


Johnson en profitera pour prêter serment dans Air Force One, à côté de Jackie vêtue de son célèbre tailleur rose tâché de sang.


Conclusion de l’enquête : Oswald a agi seul et est le seul tireur isolé. Par la suite, Johnson nommera la commission Warren tant l’opinion publique n’est pas convaincue par la conclusion officielle.



Le livre de Thierry Lentz


Cet ouvrage se lit très facilement malgré la complexité du sujet, d’une part grâce à l’écriture de l’auteur mais aussi du fait de la structure du récit. Celui-ci est découpé par thèmes très bien choisis.


L’autre aspect du récit est que l’auteur établit un résumé factuel des indices et des faits, même si Thierry a une opinion, il vous invite à vous faire la vôtre. Il y a juste un dernier chapitre avec les questions en suspens et les hypothèses.


L’ouvrage est donc facile à lire car parfois les résumés historiques ont une masse d’informations difficile à ingurgiter, mais pour les non-initiés nous vous conseillons de regarder parallèlement des reportages sur les thèmes abordés ou bien encore le film JFK même si le film d’Oliver Stone donne ouvertement son avis sur les commanditaires du crime du siècle.


Thierry Lentz n’oublie aucun détail, il n’a pas mené une enquête de terrain mais a effectué des recherches précises et minutieuses parcourant et recoupant des milliers de pages de rapports, de dépositions, d’ouvrages, visionnant toutes les vidéos de l’enquête ou de l’attentat.


Pour nous parler plus en détails de l'ouvrage et de l'affaire Kennedy, nous avons interviewé Thierry Lentz qui est directeur de la fondation Napoléon.



Occidentis: Que pensez- vous de l’arrestation immédiate d’Oswald et du début de l’enquête à charge ?


Thierry Lentz : L’arrestation d’Oswald peut apparaître comme un véritable exploit de la police de Dallas. Mais il est vrai aussi que, comme le petit Poucet, il avait semé derrière lui – où on avait semé sur son chemin, c’est bien la question - pas mal de cailloux blancs. Il n’a d’ailleurs pas été arrêté pour l’assassinat du président, mais pour le meurtre d’un policier, Jefferson D. Tippit, qui voulait contrôler son identité. Ce n’est que plus tard, lorsqu’on a croisé les indices des deux événements que l’on a cru avoir découvert le seul coupable de l’assassinat de Kennedy. Cette enquête éclair est en réalité parsemée de faits troublants et de « hasards » qui ont immédiatement troublé l’opinion et la presse. Pour être clair, Oswald a bien joué un rôle dans l’assassinat du président, il a probablement été mêlé au meurtre du policier, mais les hasards de son arrestation ne sont pas entièrement éclaircis.


Si l’on respecte la théorie officielle, le tireur Oswald a réussi un véritable exploit pour atteindre le président, plusieurs tireurs d’élite du FBI ont tenté de reproduire le tir d’Oswald sans succès. De plus, celui-ci avait du matériel défaillant.


O : Combien y a-t-il eu de tireurs selon vous et dans quelle configuration ?


T.L : La parfaite réussite des tirs sur le cortège présidentiel reste un mystère. Tireur correct, Oswald, s’il a agi seul, a réussi la série de tirs de sa vie. C’est peu probable et c’est bien ici que naissent les plus gros doutes sur le déroulement de l’attentat. Avec en sus, la question d’un possible second tireur, caché derrière une barrière de bois face à la voiture de Kennedy.


O : Tout le monde connait le film d’Abraham Zapruder mais peu celui d’Orville Nix qui filme la scène de l’assassinat de JFK sous un autre angle, ce qui a alimenté la théorie d’un deuxième tireur. Pourquoi ce film n’a-t-il pas plus pesé dans l’enquête ? Surtout que tous les experts sont unanimes : la tête du président part en arrière et sur la gauche lors de l’impact fatal.


T.L : Si la fusillade de Dallas est un guet-apens, l’existence des films a été pour ses organisateurs la plus mauvaise nouvelle de la journée. Celui de Zapruder est d’une netteté inouïe. Grâce à lui, on « voit » ce qui s’est passé, on sait que l’attentat n’a pas duré plus de six secondes et on en déduit que s’il y a eu un seul tireur, il a joué d’une chance incroyable pour, avec trois tires (car il y en a eu trois dans la version officielle) a réalisé un carton parfait. C’est ce qui explique que le film n’a pas été diffusé avant le début des années 1970 et que la commission d’enquête (la commission Warren) a pu l’utiliser comme cela l’arrangeait. Rappelons que le moment important est celui du tir fatal pour Kennedy. On voit sa tête partir vers l’arrière, comme si une balle l’atteignait de face. Or, la commission Warren, qui a publié les photos en les intervertissant, s’en est servi pour démontrer que la tête partait vers l’avant. Lorsqu’on s’en est aperçu, elle a invoqué l’erreur humaine…comme si personne n’avait revu les épreuves avant publication. C’est un peu gros. Mais pendant 6 ou 7 ans, comme personne ou presque n’avait vu le film, on a bien été obligé de la croire. Le château de carte s’est ensuite effondré.


O : Lee Bowers, un employé des chemins de fer, a vu des hommes en treillis se faire exfiltrer derrière cette fameuse pallissade, son témoignage n’a pas été exploité par la commission Warren et celui-ci est mort en 1966 d’un accident de voiture. Il vient s’ajouter à la longue liste des témoins disparus de mort non naturelle, pensez-vous que certains d’entre eux ont été liquidés ?


T.L : Ces questions sont extrêmement compliquées. Beaucoup de témoins, tout au long de l’affaire, sont morts de mort violente. Il est impossible de savoir si c’est à chaque fois à cause de leur connaissance de certains faits. Mais une doute plus que raisonnable subsiste.



O : La pièce à conviction numéro 399 soit la fameuse balle magique retrouvée intact à Parkland, la différence entre les 3 tirs et le nombre d’impacts, l’autopsie non pratiquée sur place, certaines photos médico légales disparues, l’indice acoustique d’un 4ème tir non retenu : pensez-vous qu’il y ait eu une complicité passive de certaines autorités et pourquoi ?


Cette fameuse « balle magique » est évidemment le point le plus faible de l’accusation contre Oswald. Pour justifier qu’Oswald était le seul coupable, il fallait qu’il n’y ait eu que trois tirs en six secondes : un qui touche Kennedy dans le dos puis traverse le corps du gouverneur du Texas, John Connally) qui se trouvait assis devant lui, un qui se perd et blesse un passant, un fait voler la tête du président en éclats. Or la première balle a été retrouvée, dans des circonstances rocambolesques, presque intacte, alors qu’en principe, le projectile aurait dû être écrasé par autant d’impacts (traverser du corps de Kennedy puis de Connally en plusieurs endroits). L’existence de cette seule balle remet en doute les « trois » tirs.


Alors, me direz-vous, pourquoi la commission Warren n’a-t-elle pas voulu entendre parler de quatre tirs ? Parce que quatre tirs veulent dire qu’il y a un deuxième tireur (impossible de tirer quatre fois en six secondes avec le type de fusil que possédait Oswald).


O : A votre avis, pourquoi la conclusion du house select commitee on assassinassions n’a pas créé plus de vague médiatique voire rouvert l’enquête ?


T.L : La réponse a été donnée par… le général de Gaulle qui confia ses impressions sur l’assassinat de Kennedy à Alain Peyrefitte : « On ne saura jamais la vérité. Car si l’on sait la vérité, il n’y a plus d’Etats-Unis »…


O: Pour vous est-ce que la commission Warren a été créée pour calmer l’opinion publique, pour faire pratiquement diversion ?


T.L : La création de la commission est évidemment une manœuvre pour retirer toute possibilité de contester la version officielle à la justice, aux journalistes et aux avocats. On peut dire que le coup a été admirablement joué, puisqu’à part l’enquête de la chambre des représentants des années 1970, il n’y a plus eu de grande enquête officielle ensuite.


O : Le cas Oswald est vraiment incroyable, entre ses fréquentations prouvées avec des membres de la CIA et des anti castristes notoires, ses voyages en URSS et à Mexico, comment aucun des enquêteurs n’a pu démontrer qu’il n’était pas le tireur isolé que l’on nous a vendu.


T.L : Allons au fait sans répondre à toutes les questions que vous posez qui mériteraient un livre entier. Oswald était un petit agent d’une agence anticastriste liée à la CIA. Il a été une sorte de « pigeon » dans l’affaire. Il s’est occupé de logistique, sans savoir qu’il avait été désigné dès le début pour porter l’intégralité du chapeau. Il aurait dû être éliminé lors de son arrestation…ce qui ne s’est pas fait, d’où son assassinat par Jack Ruby deux jours plus tard.


O : Je ne vous pose pas directement la question : qui a assassiné JFK, les abonnés, j’espère, achèteront votre ouvrage pour voir vos conclusions mais pouvez vous attester qu’il y ait complot tout de même ou pas ?


T.L : Mon ouvrage n’était pas destiné à l’origine à « trouver » les assassins de Kennedy. Je voulais raconter l’histoire de l’affaire, qui est embrouillée mais passionnante. Cela ne m’a pas empêché de donner en conclusion l’hypothèse qui me paraît la plus vraisemblable.


O : Pensez-vous qu’il y ait un lien entre l’assassinat de JFK et RFK ?


T.L : Pas forcément, même si l’on découvre dans les deux affaires des témoins et acteurs communs. Quoi qu’il en soit, les forces qui ont agi contre les deux hommes sont de la même nature.


O : Comment expliquez-vous que les différents présidents américains ne déclassifient pas plus de documents, Donald Trump en a déclassifié 2891 en 2017 qui apportent quelques éléments mais qui ne sont pas fondamentaux.


T.L : Les méthodes de déclassification aux Etats-Unis sont très particulières. On a le droit de masquer ce qui touche à la « sécurité nationale ». Lors des différentes opérations de déclassification, des milliers de noms, voire des pages entières, ont été noircis au marqueur. Ce fut encore le cas avec les vagues décidées par Clinton, Obama et Trump. Mais au fond, il n’y a rien à attendre de ces documents. On y trouvera jamais l’aveu des coupables, les noms des tireurs, etc. Cet océan de documents, qui plus est incomplets, sert à noyer encore un peu plus le poisson.


O : Oliver Stone a déclaré qu’il a subi des pressions puis les foudres d’Hollywood et des médias suite à la sortie de JFK, il a, de plus, précisé qu’il ne ferait plus un film aussi risqué, pourquoi selon vous ce sujet suscite autant de passion ?


T.L : Je vous renvoie à la réponse du général de Gaulle.


Merci de nous avoir accordé cet entretien.


L'assassinat de John F.Kennedy par Thierry Lentz aux éditions Nouveau Monde





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